Dans le quartier de Chiyoda, à quelques pas du palais impérial et du parc Kitanomaru, se dresse l’un des sanctuaires les plus emblématiques – et les plus débattus – du Japon contemporain : Yasukuni Jinja. Fondé pour honorer les morts au combat, ce sanctuaire shintō est à la fois un lieu de recueillement national et un point de tension historique, tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger.

Un sanctuaire pour les âmes tombées au nom de l’empereur
Le Yasukuni Jinja a été fondé en 1869, sur ordre de l’empereur Meiji, à l’issue de la guerre de Boshin, pour honorer les soldats morts lors du conflit ayant marqué la fin du shogunat et le retour du pouvoir impérial. Son nom signifie littéralement « sanctuaire pour la paix du pays ». Rapidement, il devient le sanctuaire de référence pour honorer tous ceux qui sont tombés au service de l’empire, qu’ils soient militaires ou civils engagés dans les conflits, de l’ère Meiji jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
Aujourd’hui, plus de 2,4 millions d’âmes y sont « inscrites », selon le rituel shintō de la consécration des esprits. Cela signifie que les défunts ne sont pas seulement honorés symboliquement : leur esprit est littéralement divinisé, intégré au sanctuaire et vénéré.
Mais cette mission de mémoire a aussi son revers : parmi ces esprits figurent des criminels de guerre condamnés après 1945, ce qui rend les visites officielles de certains dirigeants japonais très sensibles sur la scène internationale. Le sanctuaire est ainsi devenu, au fil du temps, un lieu où s’entremêlent hommage sincère, nationalisme assumé et mémoire sélective.
Une visite entre solennité et réflexion
L’entrée du sanctuaire se fait par un immense torii en bronze, l’un des plus grands du pays, qui marque immédiatement la dimension imposante du lieu. L’allée centrale mène à la haiden, la salle de prière principale, d’une élégance sobre, où les visiteurs peuvent adresser leurs pensées aux âmes des défunts.
L’ambiance y est étonnamment paisible. Des familles, des vétérans, des étudiants en uniforme, ou encore de simples touristes viennent s’y recueillir. Le sanctuaire conserve une atmosphère digne, presque solennelle, qui invite à la réflexion, quel que soit son rapport à l’histoire militaire du Japon.
À côté du sanctuaire se trouve le Yūshūkan, un musée dédié aux conflits dans lesquels le Japon a été impliqué. Richement documenté, il retrace l’histoire militaire du pays avec une approche très orientée. On y trouve des armes, des uniformes, des avions, mais aussi des lettres de kamikazes ou des témoignages de soldats, qui offrent un regard émouvant mais parfois contesté sur les événements du XXe siècle.
Le contraste entre la beauté du lieu, la noblesse des intentions premières, et les débats qu’il suscite encore aujourd’hui, rend la visite du Yasukuni Jinja profondément marquante.
🕒 Horaires
Le sanctuaire Yasukuni Jinja est ouvert tous les jours de 6h00 à 18h00. Le musée Yushukan est ouvert de 9h00 à 16h30.
🚆 Accès
Depuis la gare de Tokyo, prenez la Chuo Line jusqu’à Ichigaya (10 min, ~170 yens (~1,10 €)), puis marchez 5 min. Les stations Kudanshita (lignes Hanzomon, Tozai ou Shinjuku) sont à 5 min à pied. En taxi, comptez ~1 200 yens (~8 €).
💴 Tarifs
Entrée au sanctuaire : Gratuite.
Musée Yushukan : ~1 000 yens (~6,70 €).
Donations volontaires pour les rituels ou l’entretien.
🧳 Préparation
Cartes de transport : Carte Suica | JR Pass
Connexion internet : Carte Sim
Hébergements : Hôtels
Choisir une activité : Activités