Lorsque l’on voyage au Japon, l’une des premières habitudes qui interpelle les visiteurs étrangers, c’est l’obligation d’enlever ses chaussures en entrant dans une maison, une école, certains temples, et même dans certains restaurants ou auberges traditionnelles. Mais pourquoi les Japonais enlèvent-ils leurs chaussures à l’intérieur ? Cette coutume, bien ancrée dans la culture nippone, est loin d’être un simple détail. Elle révèle une profonde attention à l’hygiène, au respect de l’espace privé et à la spiritualité.

Une question d’hygiène et de propreté
Au Japon, la propreté est une valeur fondamentale. Les rues sont d’une propreté remarquable, et cette exigence s’étend naturellement aux espaces intérieurs. Les chaussures étant considérées comme sales — puisqu’elles marchent sur des surfaces extérieures souvent polluées — il est impensable de les porter dans un espace censé être propre, accueillant et intime.
En retirant ses chaussures, on évite de souiller les tatamis ou les sols en bois, qui sont souvent nettoyés avec soin. Cette habitude est également très logique dans un pays où l’on passe beaucoup de temps assis par terre ou à même le sol : pour dormir sur un futon, manger à une table basse ou encore pratiquer la méditation.
Une frontière symbolique entre le monde extérieur et l’intérieur
Au-delà de l’aspect hygiénique, retirer ses chaussures est un geste symbolique fort : cela marque la transition entre le monde extérieur (souvent perçu comme impur) et l’univers intérieur, plus sacré et intime. Cette séparation se fait dans un espace bien spécifique que l’on appelle le genkan (玄関).
Le genkan est un petit vestibule à l’entrée des maisons japonaises, situé légèrement en contrebas du plancher intérieur. C’est ici que l’on ôte ses chaussures et que l’on enfile des chaussons ou reste en chaussettes. Ce sas de transition est une invitation à laisser derrière soi les tensions du dehors, les contraintes sociales, et à pénétrer dans un espace de sérénité.
Les chaussons d’intérieur, une tradition bien codifiée
Une fois les chaussures enlevées, on vous proposera souvent des chaussons d’intérieur (appelés slippers en anglais au Japon). Attention cependant : dans certaines pièces comme les toilettes, il existe des chaussons spécifiques ! Il est donc important de bien suivre les indications pour éviter tout faux pas culturel.
À noter : dans les pièces recouvertes de tatamis, on se déchausse complètement, même des chaussons, pour préserver la matière délicate des nattes de paille.
💡 Conseil pratique : Lors de votre séjour au Japon, prévoyez des chaussettes propres et sans trous. C’est un détail, mais il a son importance dans une culture où l’apparence et la politesse sont primordiales.
Une habitude ancienne ancrée dans la culture japonaise
Cette tradition remonte à l’époque de Heian (794-1185), voire plus tôt. À l’époque, les Japonais vivaient déjà dans des maisons construites avec des sols en bois et des tatamis. Le fait de se déchausser permettait de préserver ces matériaux fragiles, coûteux et difficiles à entretenir.
Avec le temps, cette pratique s’est perpétuée, jusqu’à devenir un pilier du savoir-vivre japonais. Aujourd’hui encore, elle est transmise aux enfants dès leur plus jeune âge à la maison, mais aussi à l’école.